Fermeture temporaire : Le Musée des plaines d'Abraham sera fermé du 6 au 17 janvier 2025 en raison de travaux.

Abraham Martin dit l’Écossais

Biographie de l’homme qui prête son nom aux Plaines

Abraham Martin, l’un des premiers colons français de la Nouvelle-France, a donné son nom aux plaines d’Abraham. Voici un court résumé de sa vie. 

Dans cette page

Arrivé en Amérique vers 1620 avec son épouse Marguerite Langlois, Abraham Martin élève sa famille à Québec, et il y meurt en 1664. Habitués à voir Abraham et sa famille sur les hauteurs de Québec, les habitants de la ville auraient commencé à surnommer l’ensemble du plateau de Québec « les hauteurs d'Abraham » ou les plaines d’Abraham.  

On trouve une première mention du nom plaines d’Abraham sur un plan de 1734, soit 70 ans après le décès d’Abraham. À la suite de la bataille des plaines d’Abraham en 1759, le toponyme « plaines d’Abraham » passe une fois pour toute à l’histoire et s’inscrit dans le vocabulaire commun des habitants de Québec. Avec les années, la section de la ville qu’on surnomme plaines d’Abraham change un peu et se déplace progressivement vers l’ouest puis vers le nord. 

En 1908, à la création de la Commission des champs de bataille nationaux, la première partie des territoires acquis pour créer le parc des Champs-de-Bataille gardait encore le surnom de plaines d’Abraham.

Origine et premières années à Québec 

Abraham Martin serait né vers 1589 en France. En ce qui concerne sa femme, on ignore l’année exacte de sa naissance, mais elle serait un peu plus jeune qu’Abraham. Très peu de détails sont connus à propos de leur vie en France avant leur départ vers l’Amérique, mais Abraham y est déjà surnommé « l’Écossais » ou encore « Maître Abraham ».   

En 1616, le premier fils du couple, Jean Martin, est baptisé à Dieppe. C’est après la naissance de Jean qu’ils s’installent en Amérique, possiblement en 1619 ou 1620.  Ils arrivent ici accompagnés d’un autre couple, Pierre Desportes et Françoise Langlois, la sœur de Marguerite. En 1621, Marguerite donne naissance à Eustache Martin, le premier enfant issu de la colonisation française à être né à Québec. Elle devient ensuite sage-femme et assiste les femmes qui accouchent dans la colonie. Estimée par Samuel de Champlain, la famille Martin est une famille bien en vue à Québec.  

En 1629, les frères Kirke viennent capturer Québec au nom du roi d’Angleterre. À travers cette tourmente, la famille Martin quitte la ville et retourne en France. Pendant ce petit retour en Europe, Marguerite accouche d’un autre fils, Pierre, lui aussi baptisé à Dieppe. En 1632, par le traité de Saint-Germain-en-Laye, Québec redevient française. La famille d’Abraham Martin revient alors s’y installer. 

Extrait du testament de Samuel de Champlain (17/11/1635)
Je donne à Abraham et à sa femme six cent livres à la charge qu'ils les emploieront a desfricher des terres en ce pais de la Nouvelle France pour leurs nécessitez.

Abraham s’installe sur les hauteurs de Québec 

C’est à leur retour en Nouvelle-France que la famille Martin reçoit une première terre de 12 arpents (10 acres) sur les hauteurs de Québec. La Compagnie de la Nouvelle-France accorde cette concession à Abraham Martin en 1635. C’est à partir de cette époque que Martin devient agriculteur, délaissant ainsi son travail sur les navires comme pilote ou pêcheur.  

À cette concession, on doit ajouter le montant de 600 livres qu’Abraham et Marguerite héritent de Samuel de Champlain. À son décès, le 26 décembre 1635, le fondateur de Québec lègue aussi 600 livres à Marguerite Martin, l’une des filles du couple, pour « l’aider à se marier en ce pais de la Nouvelle France ».  

En plus de cette première concession et de la somme héritée de Champlain, il faut ajouter une concession encore plus grande de 20 arpents reçus en cadeau de la part du chirurgien Adrien Du Chesne en 1645. Du Chesne était aussi un interprète pour les Jésuites auprès des Premières Nations. On ne sait pas précisément pourquoi il donne sa terre à la famille Martin, mais il ne semble pas vivre à Québec pendant ses passages dans la colonie.  

La propriété d’Abraham Martin est désormais partagée entre la haute-ville, dans l’actuel faubourg Saint-Jean, et la basse-ville, jusqu’à la rivière Saint-Charles. Au cœur de la propriété, on trouve une fontaine d’eau claire et pure qui permet à la famille de répondre à tous ses besoins en eau potable. 

Du côté sud du promontoire, le territoire est plutôt occupé par la famille Sevestre. Charles Sevestre, un imprimeur parisien, arrive à Québec vers 1636 accompagné de son épouse, Marie Pichon, de trois de ses frères et de sa mère. La Compagnie des Cent-Associés concède des terres à toute cette famille en 1639. Situés sur les hauteurs de Québec, l’ensemble des lots consentis à la famille Sevestre fait environ 10 arpents de profondeur à partir de la ville vers l’ouest, le tout coincé entre la Grande Allée et le fleuve. Ces terres constituent une grande partie du territoire actuel occupé par le parc des Champs-de-Bataille.  

Leurs vies à Québec

Abraham Martin et Marguerite Langlois sont demeurés à Québec presque toute leur vie. Une partie de la légende qui entoure le personnage d’Abraham est entretenue à cause d’un document signé par le notaire Le Coustre en 1647. Sur celui-ci, Abraham Martin se présente comme pilote royal. Toutefois, il n’existe pas vraiment d’autre preuve qu’Abraham Martin ait reçu une charge de pilote royal. 

Le couple aurait eu 9 enfants qui leur ont donné une descendance très nombreuse. Plusieurs familles du Québec et du Canada comptent Abraham Martin et Marguerite Langlois parmi leurs ancêtres.   

Alors pourquoi parle-t-on surtout des plaines d’Abraham? 

Au 18e siècle, le nom est commun pour les citoyens de Québec qui veulent parler des hauteurs. Mais ce qui fait réellement entrer le nom dans l'histoire, c'est un événement majeur : la fameuse bataille des plaines d’Abraham, le 13 septembre 1759, qui oppose les armées française et britannique.    

Des terres d’Abraham aux plaines d’Abraham 

En 1667, après la mort d’Abraham Martin (8 septembre 1664), puis de Marguerite Langlois (17 décembre 1665), l’ensemble de la propriété de la famille Martin est vendu aux Ursulines. La congrégation conserve ces terres jusqu’à l’époque de la bataille des plaines d’Abraham. En 1762, elles cèdent ces terres au tanneur Jean-Marie Deguise, dit Flamand, issu d’une famille d’artisans originaires de Dunkerque. Il profite notamment de la présence de la fontaine sur les terres pour son métier. 

La côte d’Abraham aurait d’abord désigné tout le promontoire nord de Québec avant de devenir une route unique qui correspond à peu près au tracé de la côte d’Abraham qu’on trouve toujours à Québec au 21e siècle. 

Après la bataille des plaines d’Abraham et jusqu’aux premières décennies du 19e siècle, les plaines d’Abraham désignaient possiblement l’ensemble du promontoire à l’extérieur des faubourgs. Quand, dans les années 1820, le faubourg Saint-Jean prend de l’expansion, les plaines d’Abraham sont « repoussées » progressivement vers l’ouest de la ville, identifiant la partie à l’extérieur des faubourgs. 

Dans les années 1840, suivant le rythme du développement, on commence à désigner toute la partie sud de la Grande Allée comme étant les « plaines d’Abraham ». Avec les années et les constructions de plus en plus envahissantes sur cette partie des hauteurs de Québec, le territoire de ces plaines d’Abraham rétrécit. Au début du 20e siècle, les plaines d’Abraham ne font plus référence qu’à la grande plaine située entre les actuels pavillon Gérard-Morisset du Musée National des Beaux-Arts du Québec et le Collège Mérici.  

C’est finalement au milieu du 20e siècle, quand le parc des Champs-de-Bataille sera complètement aménagé, que le toponyme « Plaines d’Abraham » désigne l’ensemble du parc.  

Mais d’où viennent les surnoms d’Abraham? 

Des théories avancent qu’Abraham Martin aurait effectué plusieurs voyages en Écosse ou même qu’il aurait des origines écossaises. Les recherches actuelles ne nous permettent pas de lier Abraham Martin et l’Écosse d’une manière très forte. D’autres théories encore prétendent que ce sont les grandes capacités de navigateur sur les navires du début du 17e siècle qui auraient incité des compagnons de voyage d’Abraham à lui donner le surnom de « maître ». En effet, sur les navires civils, autant sur les bateaux commerciaux que les embarcations pour la pêche, le maître fait souvent office de commandant du bateau et il sait souvent très bien naviguer.  

Certains pensent plutôt que « l’Écossais » est un surnom hérité d’un service dans l’armée. Dans la France des 17e et 18e siècles, plusieurs hommes qui effectuaient un séjour dans l’armée avait l’habitude de prendre un surnom qu’on appelait un nom de guerre. Cette fois encore, aucune preuve concrète ne soutient cette suggestion. Plus surprenant encore, on avance le fait qu’Abraham Martin ait été membre d’une société secrète et que ce surnom servait à cacher sa véritable identité. Finalement, il semble qu’il aurait habité sur la rue d’Écosse à Dieppe, ce qui pourrait aussi expliquer ce surnom. Il n’existe aucune réponse définitive quant à l'origine de ces surnoms. Une chose est sûre, peu importe leur origine, ces surnoms semblent bel et bien avoir été donnés à Abraham Martin.